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Pas besoin d’être Warren Buffett

Richard Morin

Mise à jour :
11
October
2019
Mise à jour :
October 11, 2019

Si les girations des marchés financiers et la mention de plus en plus fréquente dans les médias d’un risque de récession vous causent un peu d’anxiété, la lecture de ce blogue devrait vous aider à relaxer.

D’abord, vous n’êtes pas seul à vous inquiéter : pour la plupart d’entre nous, l’avenir financier, et en particulier la planification de la retraite, est une source d’anxiété beaucoup plus grande que ce ne l’était pour nos parents. En effet, sauf si vous travaillez dans la fonction publique, l’emploi à vie et la retraite avec une pension équivalente à 70% du salaire, tels que l’ont connu nos parents, sont bel et bien révolus. Aujourd’hui, nous avons en moyenne 7 employeurs au cours de notre vie professionnelle et, à travers tous ces changements, il nous incombe d’épargner en prévision de la retraite et de faire fructifier cette épargne.

Le discours de votre conseiller financier

L’industrie des services financiers a développé toute une panoplie de « solutions de placements » visant à attirer cette épargne-retraite. Traditionnellement, le discours de l’industrie (banques, courtiers, sociétés de fonds mutuels et leurs réseaux de distribution, ainsi que les firmes de gestion privée) s’est articulé sur 2 grands axes :

1. Vous avez besoin d’un gestionnaire de portefeuille qui sait sélectionner les titres « gagnants » - dont le rendement sera supérieur aux autres – et éviter les titres « perdants »;

2. Votre conseiller/gestionnaire doit aussi être adepte à prédire les grands cycles boursiers et vendre une partie de votre portefeuille d’actions avant une baisse de marché et racheter avant la remontée

Pour reprendre la formule consacrée dans l’industrie : vous devez investir comme Warren Buffett. Le problème est que ni vous ni votre conseiller n’avez le talent (ou les milliards!) de Warren Buffett!

Mission impossible

Le premier objectif – battre le marché en sélectionnant les titres gagnants – est mathématiquement impossible à atteindre pour la masse des investisseurs. William Sharpe, un prix Nobel de finance, l’a démontré en 1991[1] avec une simple règle de 3. Son argument est irréfutable : tout le monde ne peut avoir un rendement supérieur à la moyenne (que constitue l’indice), pas plus que tous les élèves dans une classe ne peuvent avoir une note supérieure à la moyenne de la classe. Au mieux, l’investisseur moyen réalisera le rendement de l’indice moins les frais encourus, d’où l’importance de payer le moins de frais possible.

Si l’article de Sharpe ne vous convainc pas, sachez que moins de 10% des fonds mutuels canadiens ont offert un rendement supérieur à l’indice boursier au cours des 10 dernières années.[2] En fait, près de 2 tiers des fonds ont tellement mal performé depuis 10 ans qu’on a dû simplement les fermer! Et si vous croyez qu’il suffit d’investir dans les 10% de fonds qui ont bien performé dans le passé, détrompez-vous : une majorité d’entre eux seront probablement parmi les perdants des 10 prochaines années!

Le second objectif – tenter d’éviter les baisses de marché – est encore plus inatteignable : en moyenne, les investisseurs qui tentent de le faire obtiennent un rendement annuel environ 5% moins élevé que s’ils ne faisaient rien! Pourquoi? Simplement parce qu’ils cèdent à leurs impulsions et ont tendance à vendre à la suite d’une baisse et ainsi manquer les puissants rebonds du marché boursiers qui suivent généralement ces baisses.

Tout cela vous angoisse? Ne désespérez pas, la solution est simple.

Le portefeuille de Mme Buffett

Warren Buffett lui-même l’a dit : pas besoin de battre la bourse ou de prédire les cycles boursiers. Il suffit d’investir dans des fonds indiciels à faible coût (le S&P500 et un fonds obligataire dans son cas) et de les détenir sur le long terme. C’est le portefeuille qu’il recommande à sa femme!

En d’autres termes, il recommande d’acheter une participation dans « USA inc » (car c’est bien ce que représente l’indice S&P500 des 500 plus grosses compagnies inscrites en bourse) sans vous soucier de savoir quel secteur ou quelle entreprise fera le mieux, et faire croitre cette participation tout au long de votre vie. Vous récolterez les dividendes annuels versés par les entreprises du S&P500 et profiterez de leur croissance à long terme.

L’équivalent canadien du portefeuille de Mme Buffett se compose en bonne partie d’une participation dans « Canada inc », l’indice S&P/TSX Composite des plus grandes compagnies canadiennes cotées en bourse. Mais comme l’économie canadienne est petite à l’échelle mondiale et que notre bourse est concentrée dans certains secteurs (notamment les ressources naturelles), on diversifie en ajoutant une bonne dose de USA inc, World inc (Europe, Australasie et Moyen-Orient) et Marchés Émergents inc à la recette.

Comme Mme Buffett, on équilibre le portefeuille avec des obligations (vous l’aurez deviné, en achetant un fonds indiciel obligataire), qui constituent une police d’assurance contre les ralentissements économiques. On peut aussi ajouter de la diversification avec un fonds indiciel de fiducies immobilières.

À défaut de pouvoir investir comme Warren Buffett, vous devriez investir comme sa femme. Aucune autre stratégie d’investissement à votre disposition ne vous offre de meilleures perspectives de rendement. Cette approche est à la portée de tous les investisseurs, quel que soit la taille de leur portefeuille ou leur niveau de connaissance. Si vous avez les connaissances et la discipline requises, vous pouvez le faire vous-même chez un courtier à escompte. Sinon, votre conseiller financier pourra le faire pour vous. D’une façon comme de l’autre vos frais seront nettement moins élevés que ceux de la moyenne des investisseurs et votre rendement sera plus élevé.

Jumelée à un bon plan financier que votre conseiller élaborera avec vous, cette stratégie de placement devrait vous permettre d’atteindre vos objectifs financiers et ainsi d’abaisser votre niveau d’anxiété!

[1]Sharpe William, The Arithmetic of Active Management, The Financial Analysts' Journal Vol. 47, No. 1, Janvier/Février 1991. pp. 7-9[2]SPIVA Canada Scorecard, 2018