En cliquant sur "Accepter ", vous acceptez le stockage de cookies sur votre appareil pour améliorer votre expérience de navigation sur notre site, analyser l'utilisation de notre site et analyser nos activités de marketing. Consultez notre Politique sur les données numériques pour plus d'informations.

Lendemain de veille

Revue trimestrielle

Richard Morin

Mise à jour :
20
July
2022
Mise à jour :
July 20, 2022

par Richard Morin
Publié le 14 juillet 2022

Les marchés financiers ont connu un premier semestre pour le moins éprouvant. Après avoir passé les premiers mois de 2022 à s’ajuster à la perspective d’une hausse de taux d’intérêt visant à juguler l’inflation, c’est maintenant la crainte d’une récession causée par ces mêmes hausses de taux qui cause de la volatilité dans les marchés.

Paradoxalement, c’est en voulant accélérer la sortie de la courte récession Covid-19 du début 2020 que les banques centrales et les gouvernements ont mis la table pour une possible récession en 2022. En effet, les chèques distribués par les gouvernements et les taux d’intérêt historiquement bas ont dopé les dépenses des consommateurs, au moment même où la chaîne d’approvisionnement mondiale s’enrayait.

Cette demande excédentaire pour des biens de toutes sortes a provoqué une poussée d’inflation telle qu’on n’en avait pas vu depuis les années 80. Ainsi, tel Mickey Mouse dans l’Apprenti Sorcier, les banques centrales sont submergées par le résultat de leurs incantations. Ayant peut-être appuyé trop fort sur l’accélérateur (baisse des taux d’intérêt) et provoqué une inflation persistante, elles risquent maintenant de provoquer une récession en appliquant les freins trop brusquement.

Les gouvernements aussi risquent de trouver le lendemain de veille désagréable. Après avoir stimulé l’économie – et s’être endettés – à coup de centaines de milliards de dollars, ils devront tôt ou tard refiler la note aux contribuables sous forme de hausse d’impôt et de coupures budgétaires.

Il y a donc beaucoup d’incertitude pour les prochains mois du côté de l’économie. Mais quel impact sur les marchés boursiers et les obligations? Le marché boursier tente constamment d’anticiper les récessions et il y parvient somme toute assez bien. Le marché commence généralement à baisser quelques mois avant le début d’une récession et amorce aussi son inévitable remontée quelques mois avant la reprise économique (voir graphique 1).

Graphique S&P 500 Index & Recessions
Graphique 1 : baisses de marché et récessions
Source : Bloomberg

Même si le marché anticipe correctement la prochaine récession, rien ne pourra cependant nous indiquer quand il aura atteint son creux et encore moins quand il amorcera sa remontée. En fait, cette remontée prendra à peu près tout le monde par surprise puisqu’elle surviendra alors que les mauvaises nouvelles domineront encore les manchettes.

Tableau Classes d'actifs rendement

Dans ce contexte d’incertitude, il y a cependant une bonne nouvelle. Après la hausse des taux d’intérêt depuis le début de l’année, non seulement les obligations versent-elles désormais des intérêts courant de plus de 3,0%, elles ont aussi recommencé à jouer leur rôle stabilisateur dans le portefeuille. Elles tendent à monter lorsque les actions baissent, et vice-versa. Les obligations constituent une protection en cas de récession. Il est donc important de conserver la répartition cible entre actions et obligations, peu importe ce que les « experts » nous disent.

Même sans savoir si on a atteint le creux, la baisse du cours des actions en bourse constitue aussi une belle opportunité d’achat pour la majorité des investisseurs qui épargnent pour leur retraite.

Investissez aujourd’hui dans un portefeuille diversifié d’actions et vous en récolterez les dividendes lors de votre retraite. Cédez plutôt à vos instincts et vendez vos actions et vous vous en mordrez les doigts.

Bonnes vacances!

Revue des marchés

Actions canadiennes : les ressources reculent

Les actions canadiennes ont connu un 2e trimestre plus difficile que le précédent subissant une baisse de 13,2%. En raison de ses ressources naturelles abondantes, le marché canadien avait servi de refuge pour les investisseurs tentant de s’abriter contre les dégâts de l’inflation lors du 1er trimestre. Le resserrement plus agressif que prévu de la politique monétaire américaine a cependant fait apparaitre un nouveau risque, celui d’une récession.

Le trimestre avait pourtant bien commencé, alors que l’indice CRB All Commodities était en hausse de 11,6% au début juin. Les craintes de récession ont cependant causé un repli abrupt et l’indice a terminé le trimestre en baisse de 0,9%. Cette baisse marquée du cours des ressources a mis fin à la surperformance des actions canadiennes par rapport aux actions américaines.

L’indice TSX Global Base Metals a diminué de 32,3% au 2e trimestre, soit la baisse la plus marquée depuis la crise financière de 2008.  Une baisse du cours des métaux industriels (ex : aluminium, acier, cuivre) est souvent un indicateur de récession alors que les investisseurs craignent qu’un ralentissement économique affecte la demande pour ces métaux.

Le secteur financier – représentant à lui seul presque le tiers de l’indice canadien – n’a pas été épargné lors du trimestre enregistrant une baisse de 13,9% avec la BMO en tête de liste (-16%) suivie par la banque TD (-15%). Une hausse du taux directeur se ferait assurément ressentir dans les taux d’emprunt, diminuant ainsi les investissements des ménages et des entreprises. Cela explique notamment la baisse du cours des actions des banques canadiennes malgré de résultats financiers au-dessus des attentes lors du dernier trimestre.

Le trimestre a également été difficile pour le secteur du cannabis, qui a vu sa valorisation partir en fumée avec une baisse de 53,4%, découlant de la performance de deux des leaders de l’industrie, Aurora Cannabis (-66%) et Canopy Growth (-62,3%).  Ces derniers ont affiché des pertes au cours du dernier trimestre se chiffrant dans les milliards, causées notamment par la dépréciation de certaines de leurs installations ainsi que des acquisitions.

Tableau Secteur rendements

Actions américaines : le pire début d’année depuis 1970

La baisse des actions américaines amorcée au 1er trimestre s’est accélérée au 2e trimestre. En fait, le S&P 500 a connu son pire 1er semestre depuis 1970 avec une baisse de 18,5% (en CAD). En 1970, c’était également dû à un taux d’inflation élevé que l’indice avait perdu 21%. Il reste à voir si l’histoire se répètera puisqu’un gain de 27% durant les 6 derniers mois de 1970 avait permis de recouvrir l’entièreté des pertes.

La surperformance relative des secteurs des biens de consommation de base et des services publics de concert avec une sous-performance des entreprises de consommation discrétionnaire nous indique que les nuages gris de la récession menacent également nos voisins du Sud. D’ailleurs, le marché nous laisse présager que le climat économique ne sera pas propice pour les croisières alors que le titre de Royal Caribbean a diminué de 58,3% sur le trimestre.

La hausse des taux d’intérêt continue à affecter à la baisse les titres technologiques comme le témoigne l’indice NASDAQ en baisse de 22,4% au 2e trimestre. Le géant du streaming Netflix doit tout de même envier ses pairs de la Silicon Valley après un trimestre difficile (-53,3%) notamment dû à une première baisse de leurs abonnés en plus de 10 ans.

Les banques américaines ont également eu un trimestre difficile alors que le secteur financier a connu une baisse de 20,4%. Le taux fixe 30 ans pour les hypothèques passant de 3% à presque 6%, jumelé à un prix des maisons 40% plus élevé qu’au début 2020, a finalement causé un ralentissement des ventes de maisons aux États-Unis.

Les hausses de taux de la banque centrale américaine ont eu pour effet d’augmenter la demande de USD comme valeur refuge. L’indice du dollar U.S a augmenté de 8,8% depuis le début de l’année et il s’est apprécié de 2,9% par rapport au CAD ce qui a affecté positivement les rendements en $C pour le trimestre.

Actions internationales : l’Europe otage de Poutine

Alors que l’agression de l’Ukraine par Vladimir Poutine continue, les marchés européens continuent de souffrir de l’envolée des prix de l’énergie et de la nourriture, obligeant la Banque centrale européenne (BCE) à annoncer l’augmentation du taux directeur pour une première fois en plus de 10 ans.

L’année difficile se poursuit pour les actions allemandes en baisse de 15,5% sur le trimestre et 27,2% cette année. On craint notamment que la baisse de l’approvisionnement en gaz naturel en provenance de Russie entraine une pénurie au retour du temps froid.

Le Yen a poursuivi sa chute alors que le rendement de la bourse japonaise de -4,4% s’est traduit par un rendement de -11,8% une fois ajusté pour le CAD.

Dans l’ensemble, les actions internationales ont connu une baisse de 12,2% (en CAD) au cours du trimestre surperformant ainsi le Canada et les États-Unis. Les banques centrales se montrant moins agressives sur les hausses de taux d’intérêt qui y sont pour cause.

Marchés émergents :  la Chine à contre-courant

Contrairement aux autres grands marchés mondiaux, les actions chinoises ont connu un 2e trimestre positif, en hausse de 6,8%. Portée par les allégements des mesures sanitaires et une croissance des activités de production, la Chine a permis à l’indice des marchés émergents de surperformer les pays développés.

Comme la bourse américaine, les bourses de Corée du Sud (-18,3% sur le trimestre) et de Taiwan (-17,2%) ont été affectées par leur concentration en titres de technologie.

Après s’être envolée au 1er trimestre avec une hausse de 34%, la bourse du Brésil est redescendue au plancher des vaches en effaçant la presque entièreté de ses gains à cause notamment de la baisse du prix des métaux et de l’incertitude quant à leur politique monétaire.

L’indice MSCI des marchés émergents a généré un rendement de -9,2% sur le trimestre.

Obligations : retour à la normale?

Les taux obligataires (obligations du Gouvernement du Canada échéant dans 10 ans) ont atteint un sommet de près de 3,5% au début juin avant de redescendre à 3,2% en fin de trimestre. Ce renversement de tendance s’explique par le risque accru de récession perçu par les investisseurs, particulièrement depuis la mi-juin.

Comme les cours évoluent à l’inverse des taux, le portefeuille obligataire a offert un rendement de -5,7% au cours du trimestre.

Cette hausse des taux obligataires devait survenir tôt ou tard. Même si elle a affecté le rendement des investisseurs depuis le début de l’année, elle permet aux obligations d’enfin recommencer à jouer leurs rôles dans le portefeuille :

  1. Elles génèrent un revenu d’intérêt courant entre 3% et 4% (selon la proportion d’obligations de compagnies qu’on détient);
  2. Elles stabilisent la valeur du portefeuille puisque, depuis la mi-juin, elles tendent à monter lorsque les actions descendent et vice-versa;
  3. Elles offrent une certaine protection en cas de récession, comme en témoigne leur comportement depuis la mi-juin que le marché s’inquiète d’un tel scénario.
Graphique Taux obligatoires 10 ans Canada
Graphique 2 : taux obligataires 10 ans Canada
Souce : Banque du Canada

On peut donc dire qu’on observe un certain retour à la normale dans le marché obligataire, ce qui en soi est une bonne nouvelle.

Bonnes vacances!