Les marchés baissent, on fait quoi?
Revue trimestrielle
Revue trimestrielle
Les marchés boursiers sont en baisse pour la 7e semaine consécutive. Du côté américain, l’indice S&P 500 des actions de grande capitalisation est en baisse d’environ 20% depuis son sommet du début janvier. L’indice NASDAQ 100 est quant à lui en baisse de près 30%. Les actions canadiennes font beaucoup mieux cependant, avec une baisse de moins de 5%.
Pour ne rien arranger, les obligations n’ont pas joué leur habituel rôle stabilisateur en début d’année, victime de la hausse des taux d’intérêt. Elles sont en baisse de près de 12% en 2022. Résultat, le portefeuille dit « équilibré » – investi 60% en actions et 40% en obligations – a perdu environ 10% de sa valeur cette année.
On connait la coupable : l’inflation qui force les banques centrales à faire demi-tour. Elles augmentent les taux d’intérêt pour juguler l’inflation alors qu’elles faisaient exactement le contraire jusqu’à tout récemment, en injectant des liquidités dans le système (sans compter que les gouvernements faisaient la même chose). Les marchés craignent maintenant que ce soudain coup de frein des banques centrales ne provoque une récession.
Dans un tel contexte, que devrait faire les investisseurs qui épargnent pour leur retraite?
Aussi désagréable soit-elle, la baisse actuelle des indices boursiers n’a rien d’inhabituelle. Le S&P 500 connait une baisse de 20% ou plus (un bear market) à tous les 4 ans en moyenne et une baisse de 10% aux 20 mois.
Malgré ces baisses, le portefeuille équilibré génère bon an mal an un rendement qui permet aux investisseurs d’atteindre leurs objectifs de retraite depuis des générations. Les générations actuelles ne feront pas exception. En fait, malgré la baisse récente des actions et des obligations, le rendement annuel du portefeuille équilibré demeure supérieur à 4% sur 3 ans ainsi que sur 5 ans.
De plus, il est possible, voire probable que le gros de la baisse des obligations soit derrière nous. En fait, elles ont déjà recommencé à jouer leur rôle stabilisateur dans le portefeuille équilibré : elles tendent à monter quand les actions descendent et vice-versa. Sans compter qu’elles versent des intérêts d’environ 3% annuellement.
Alors, quel impact sur nos plans de retraite?
Si vous êtes jeune (moins de 50 ans!), en phase d’accumulation d’actifs et que la retraite est encore lointaine, la baisse des indices boursiers est une opportunité d’acquérir des actions « à rabais ». Ne changez donc rien à vos habitudes d’épargne et d’investissement. Si vous avez des liquidités qui dorment en banque ou dans des certificats de placement garanti, c’est peut-être le temps de les investir.Nul ne sait si le prix des actions montera ou descendra demain, au cours du prochain mois ou de la prochaine année. D’ici votre retraite cependant, il est probable qu’elles auront doublé ou triplé de valeur, grâce notamment au dividende annuel qu’elles versent (environ 2,5% au Canada).
Si vous approchez l’âge de la retraite ou y êtes déjà, vous devez avoir un plan financier et des projections de retraite basés sur des hypothèses de rendement réalistes. En utilisant les normes d’hypothèses de l’Institut québécois de la planification financière – elles-mêmes basées sur les hypothèses utilisées par le Régime de rentes du Québec et le Régime de pension du Canada – on arrive à un rendement annuel d’environ 4% (après frais) pour un portefeuille équilibré, précisément ce que les marchés ont livré sur 3 et 5 ans.
Votre plan devrait aussi prévoir un peu de marge de manœuvre et de flexibilité du côté des dépenses au cas où les marchés mettent du temps à remonter la pente. Si votre plan repose sur une hypothèse de rendement de 4% (et 2% d’inflation) sur le long terme, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
Si vos hypothèses de rendement sont plutôt de 6%, les marchés viennent de vous rappeler à l’ordre et ce serait une bonne idée de réviser votre plan.
La plupart des investisseurs vivent sommes toutes assez bien ces périodes de volatilité dans les marchés financiers. Ils lisent les articles qui parlent de bear market et sont conscients que la valeur de leurs placements (s’ils les regardent!) est en baisse. Ça ne les empêche pas de bien dormir la nuit et de jouir de la vie, sachant que rien de tout ça n’a de réel impact sur eux et leur avenir. Plusieurs vont même ajouter à leurs placements pour prendre avantage de la baisse. Bravo!
D’autres investisseurs malheureusement semblent incapables de tolérer la volatilité. Certains vivent ces baisses de marché comme une menace existentielle et – à l’instar d’Homer qui a un instinct de survie hypertrophié – sont tentés de tout vendre. Bien sûr, ils rationalisent en se disant qu’ils « protègent » ainsi leur capital. On ne le dira jamais assez : c’est la pire des choses à faire. Non seulement ces investisseurs manquent-ils l’inévitable rebond qui suit la baisse, mais ils se coupent aussi des dividendes réguliers qui sous-tendent leur plan de retraite.
Si vous avez quelques inquiétudes quant à la solidité de votre plan financier ou de votre portefeuille de placements, appelez votre conseiller. Il saura répondre à vos questions.
Autrement, le meilleur conseil qu’on puisse vous donner est d’oublier les soubresauts de la bourse et aller jouer dehors. Le Québec est à son meilleur en mai et juin. Profitez-en!