Les sceptiques seront confondus! - Revue de l'année 2020
Revue trimestrielle
Revue trimestrielle
Contre toutes attentes, et pour une deuxième année consécutive, les marchés financiers ont généré des rendements supérieurs à leur moyenne à long terme. Après frais, un portefeuille équilibré canadien a généré environ 8% de rendement en 2020.
Portée par les titres de technologie, la bourse américaine est en hausse de 18,4% (16,5% en CAD), malgré l’incertitude et les pertes liées à la pandémie. De notre côté de la frontière, plombée par le pétrole et les ressources, la bourse canadienne a quand même réussi à donner un rendement de 5,6%.
Tout aussi remarquable, les obligations canadiennes ont généré un rendement de 8,7%, à la faveur d’une baisse marquée des taux d’intérêt à court et à long terme. Pas trop mal pour une classe d’actifs que les « experts » envoyaient au purgatoire en début d’année. Comme le dirait le capitaine Bonhomme : les sceptiques ont été confondus!
Année de tous les extrêmes, 2020 a aussi vu le pétrole transigé – très brièvement – à un prix négatif, une grande entreprise en faillite (Hertz) grimper en bourse de plus de 500% et une compagnie qui a produit à peine 500 000 automobiles (Tesla) plus valorisée que les 9 plus grands manufacturiers réunis, qui en produisent pourtant 100 fois plus!
Personne n’avait prédit de tels rendements. À défaut de pouvoir prédire les mouvements des marchés cependant, on peut tenter de les expliquer et en tirer des leçons pour la stratégie de gestion de portefeuille et la planification financière. Ici, 2 visions s’opposent.
D’un côté, on trouve ceux qui prétendent que les marchés sont dans une bulle spéculative : l’Indice NASDAQ 100 qui double en 2 ans, le ratio cours/bénéfices (P/E) à un niveau historique, Bitcoin en hausse de 700% depuis son creux de mars 2020 et les premiers appels publics à l’épargne (IPO) qui s’emballent en seraient des signes. Cette bulle serait le résultat de politiques monétaires et fiscales ultra accommodantes : les banques centrales impriment de l’argent et maintiennent les taux d’intérêt à des niveaux extrêmement bas, tandis que les gouvernements envoient des chèques aux individus et aux entreprises pour les aider à passer à travers la pandémie. Une bonne partie de cet argent est épargné plutôt que dépensé et est investi sur les marchés où – toujours selon les tenants de la bulle spéculative – il pousse les cours à des niveaux insoutenables à long terme.
Les tenants de l’autre vision expliquent plutôt la hausse des cours sur NASDAQ et l’attrait des IPO par le potentiel de croissance exponentielle des bénéfices des compagnies de technologie et de la nouvelle économie. Pour eux, le ratio cours/bénéfices est à un niveau raisonnable lorsqu’ajusté en fonction des taux d’intérêt – le controversé modèle de la Fed auquel Jerome Powell a lui-même fait référence en décembre. En résumé, les investisseurs accepteraient des rendements futurs moindres (conséquence logique des cours élevés aujourd’hui), considérant que les rendements élevés des dernières décennies sont chose du passé, compte tenu du vieillissement de la population et du ralentissement de la croissance économique mondiale. Le fait que 18 billions de USD (18 000 milliards) d’obligations de gouvernements se transigent à des taux négatifs viendrait appuyer cette thèse.
Peu importe qui a raison, on doit raisonnablement anticiper des rendements moindres au cours des prochaines années. S’il s’agit en effet d’une bulle spéculative – on ne le saura qu’à posteriori – elle pourrait continuer à se gonfler un certain temps. L’éventuel retour du pendule serait cependant brusque et complètement imprévisible. Le cas échéant, on « remettrait sur la table » une partie des rendements des 2 dernières années. Les obligations amortiraient par contre la baisse et on aurait l’occasion d’acheter des actions à rabais lors du re-balancement du portefeuille qu’Archer effectue systématiquement.
Si au contraire les cours actuels reflètent les anticipations rationnelles des investisseurs, on doit s’attendre à ce que les gains à moyen terme soient plutôt limités puisque la croissance future des bénéfices est déjà prise en compte dans les cours. On devra alors se contenter de récolter les dividendes sur les actions et les maigres intérêts sur les obligations. L’atteinte de vos objectifs financiers ne serait pas en péril pour autant, à condition que votre plan repose sur des hypothèses réalistes.
Au risque de se répéter, on ne peut « gérer » le rendement d’un portefeuille puisqu’on ne peut prédire les mouvements de marchés, alors que tenter de les battre est un exercice futile et couteux. On peut cependant gérer les risques auxquels on s’expose dans la construction du portefeuille de même que dans l’élaboration de notre plan financier. C’est à ces tâches que s’affaire Archer.
Bonne année 2021!
Afin de comprendre le rendement de 5,6% de la bourse canadienne en 2020, on doit s’attarder essentiellement à 2 secteurs : la technologie et l’énergie. Le secteur de la technologie a en effet contribué 8,3% (dividendes exclus) au rendement de l’indice S&P/TSX Composite, alors que celui de l’énergie en a soustrait plus de 4%.
Le titre de Shopify – en hausse de 178% – explique à lui seul la quasi-totalité du rendement du secteur de la technologie en 2020.
Comme nous l’avons souligné dans une lettre antérieure, ce sont ces 2 secteurs qui différencient les bourses américaine canadienne – la première ayant fait un rendement 3 fois plus élevé que la seconde en 2020. On le rappelle, la technologie domine la bourse américaine (27% de l’indice) alors que l’énergie y pèse moins de 3%. Au Canada, c’est 10% technologie et 11% énergie, un monde de différence.
On oublie cependant à quel point ces poids sectoriels varient au gré des succès et déboires de chaque secteur. En début d’année, la technologie pesait moins de 6% dans l’indice de la bourse canadienne, contre 10% aujourd’hui. Il y a 20 ans, lors de la bulle technologique, ce secteur représentait 50% de la bourse canadienne, dont 35% pour un seul titre, Nortel. Souhaitons que l’histoire ne se répète pas!
Le prix du pétrole et des ressources – notamment le cuivre – sont en hausse marquée depuis novembre, ce qui pourrait signaler un retour du pendule en faveur de la bourse canadienne à moyen terme.
Une poignée de sociétés américaines font partie du club des billionnaires (un billion = mille milliards) : Apple (2,2 B$), Microsoft (1,6), Amazon (1,5) et Alphabet/Google (1,2). Elles pourraient bientôt être jointes par Tesla (800 milliards) et Facebook (750). Ce sont ces sociétés, ainsi que d’autres de la nouvelle économie, qui expliquent l’extraordinaire rebond de la bourse américaine après la chute de février/mars dernier. Les actions américaines ont généré un rendement de 16,5% en CAD en 2020, dividendes inclus.
Les actions de Tesla illustrent assez bien l’apparent changement de garde dans certains secteurs de l’économie. Comment un constructeur automobile peut-il valoir plus que ses 9 principaux concurrents réunis, qui produisent collectivement 100 fois plus de véhicules? La réponse est que le marché croit que Tesla est à l’automobile ce qu’Apple est au téléphone. Comme votre iPhone, une voiture Tesla serait un « device » permettant de vous vendre une multitude de contenus et services générant revenus et profits pour Elon Musk et ses investisseurs. Certains sont sceptiques mais en attendant, une chose est certaine : sa capitalisation boursière confère à Tesla des ressources à toutes fins pratiques illimitées pour développer ses produits, ce qu’aucun de ses concurrents ne peut prétendre.
Bonne nouvelle : bien que les actions de Tesla n’aient été admises dans l’indice S&P500 qu’à la fin de 2020, nos clients en détiennent depuis le lancement d’Archer en janvier 2017. C’est que nous investissons dans le FNB U.S. Total Market Index de Vanguard, qui détient les 3 500 plus grands titres de la bourse américaine.
La hausse des taux d’intérêt à long terme – qui s’est amorcée avec la victoire de Joe Biden à la présidence américaine et s’est accélérée avec la prise de contrôle du Sénat par les Démocrates (voir la section Obligations) – pourrait sonner le glas du leadership des titres de la nouvelle économie en bourse. On sera alors heureux de détenir nos bonnes vieilles actions canadiennes.
Après des années de drame et de questionnements existentiels, les Britanniques – menés par le populiste Boris Johnson – ont finalement complété l’absurde projet de retrait de l’Union Européenne, le Brexit. Absurde, c’est du moins ce qu’en pensent les marchés financiers : depuis 5 ans, le rendement de la bourse anglaise (exprimé en USD) est presque 10% inférieur annuellement à celui des bourses mondiales (2,6% vs 12,2%). En 2020, c’est une baisse de 10,5% que la bourse anglaise a subie. Il semble malheureusement que le déclin de l’Empire Britannique ne soit toujours pas terminé.
Qu’à cela ne tienne, les autres bourses mondiales ont mieux fait, de sorte que, dans l’ensemble, c’est 6,1% de rendement qu’elles ont généré (en CAD, incluant les dividendes).
Le Japon a tiré l’indice vers le haut, alors que les bourses européennes ont connu des rendements médiocres, voire négatifs. Seule la hausse des grandes devises étrangères – notamment l’Euro et le Yen – face au dollar canadien a permis de générer des rendements positifs.
Les 4 principaux marchés émergents en capitalisation boursière (Chine, Taiwan, Corée et Inde) ont nettement contribué au rendement de l’indice en 2020. Les autres pays – incluant le Brésil et la Russie qui ont fait les manchettes pour toutes les mauvaises raisons – ont fait une contribution négative ou nulle.
Globalement, l’indice a généré un rendement de 16,3% en 2020 (en CAD, dividendes inclus).
La Chine est maintenant le second marché mondial avec une capitalisation de plus de 10 billions de USD. Son poids dans les indices boursiers mondiaux – notamment le All Country World Index de MSCI – et, conséquemment, dans les portefeuilles Archer, est cependant nettement inférieur à cause du manque de transparence et de l’accès limité de son marché aux investisseurs étrangers. C’est aussi pour ces raisons qu’elle est désignée marché « émergent » plutôt que « développé ».
Par ailleurs, la forte croissance économique ne se reflète pas dans la performance boursière historique de la Chine : son rendement cumulatif depuis 2011 est d’environ 60% (en USD) contre 180% pour la bourse américaine. Cette tendance s’est inversée en 2020, alors que son rendement de plus de 30% est presque 2 fois celui de la bourse américaine.
Nous avons amorcé l’année avec un taux d’intérêt sur les obligations canadiennes à échéance dans 10 ans de 1,6% pour la terminer 0,7%. Cette baisse de taux a entrainé une hausse de la valeur des obligations dans nos portefeuilles, de sorte que le rendement pour l’année est de 8,7%. Évidemment, c’est nettement supérieur aux attentes et à la moyenne à long terme. On ne peut anticiper de tels rendements à pour les obligations à moyen ou long terme.
En fait, les taux d’intérêt à long terme ont déjà amorcé une hausse aux États-Unis suite à l’élection de Joe Biden à la présidence. Cette hausse s’est accélérée dans les premiers jours de 2021 lorsque les Démocrates ont aussi pris le contrôle du Sénat et donc du Congrès américain. On s’attend à ce que ce changement de garde entraine une augmentation du déficit fiscal et une hausse des émissions d’obligations du trésor pour le financer. Tout ça provoque une baisse des cours des obligations déjà en circulation.
Si les perspectives de rendements obligataires sont médiocres, pourquoi les conserve-t-on dans le portefeuille? Parce qu’elles constituent notre seule police d’assurance en cas de ralentissement économique majeur et/ou de replis boursier.
[1] FTSE TMX Canada UniverseXM Bond Index
[2] S&P/TSX Capped Composite Index[3] S&P 500 Index
[4] MSCI EAFE Index
[5] MSCI Emerging Markets Investable Market Index