Que de changements en un an!
Revue trimestrielle
Revue trimestrielle
En décembre 2021, le taux directeur des principales banques centrales était près de 0% et les obligations du gouvernement américain rapportaient 1,5%, alors que les actions américaines s’échangeaient à 24 fois les bénéfices annuels, l’immobilier résidentiel canadien avait connu une hausse de 28% en 2 ans et Bitcoin s’échangeait à 48 000 USD.
Nous l’avons dit maintes fois, aucun de ces niveaux ou tendances n’était soutenable à long terme. Cependant, nul ne savait quand ni comment ces déséquilibres allaient se résorber. C’est finalement la Federal Reserve (banque centrale) américaine qui a apporté la réponse à cette question en mars, en amorçant un cycle agressif de hausses de taux d’intérêt visant à juguler une inflation devenue galopante.
En décembre 2022, le tableau a complètement changé. Le taux directeur de la Federal Reserve est à 4,3% et les obligations américaines offrent un rendement à échéance de 3,9% (3,3% au Canada). N’en déplaise aux emprunteurs (hypothécaires ou autres), ces hausses de taux sont une bonne nouvelle pour les investisseurs qui cherchent à générer des revenus courants.
Les actions sont aussi devenues plus abordables. Compte tenu de la baisse des cours de 19,9% en 2022, le ratio cours/bénéfices de l’indice S&P 500 est maintenant près de sa moyenne historique. Ce sont les actions de type croissance (technologie et communication, véhicules électriques et autres) qui ont le plus souffert, les investisseurs leur préférant maintenant les actions de type valeur qui versent des dividendes plus élevés.
Les investisseurs canadiens ont beaucoup mieux fait que les autres, puisque l’indice des actions canadiennes n’a baissé que de 5,8% en 2022, en incluant les dividendes. En fait, parce qu’elle est fortement concentrée en titres pétroliers et de ressources naturelles, la bourse canadienne a été l’une des plus performantes parmi les marchés développés en 2022. De plus, la hausse du dollar US face au CAD a amorti la baisse de valeur des placements sur le marché américain pour les investisseurs canadiens.
L’immobilier a aussi amorcé un retour sur terre, en baisse de 9% (et près de 20% à Toronto et Vancouver) après la hausse effrénée des 2 dernières années. Sans faire de prédictions, il ne serait pas étonnant de voir cette baisse se poursuivre encore quelque temps. Pour les spéculateurs, c’est un dur rappel que l’immobilier ne peut pas toujours monter. Pour les premiers acheteurs, ça règle en partie le problème de l’accessibilité, surtout si de l’autre côté leur salaire augmente au rythme de l’inflation.
Bien qu’il ne représente pas une classe d’actifs, on ne peut passer sous silence la baisse de 65% de Bitcoin en 2022 (73% depuis son sommet d’octobre 2021). Bitcoin – comme toutes les crypto monnaies – n’a aucune valeur intrinsèque ou utilité économique. Il est essentiellement une variante de système de Ponzi , supporté par une opération de pump and dump . Allez plutôt au casino; au moins c’est règlementé.
Ce retour à la normale sur les marchés financiers a provoqué une baisse d’environ 10% en 2022 de la valeur d’un portefeuille investi 60% en actions et 40% en obligations. Malgré cette baisse, ce même portefeuille a généré un rendement annualisé de près de 4% par année (après frais) au cours des 5 dernières années. Même s’il semble modeste – il est effectivement nettement en deçà de la moyenne historique – ce rendement de 4% correspond aux normes d’hypothèses de l’Institut québécois de la planification financière. Si votre plan financier est basé sur les bonnes hypothèses, vous n’avez donc pas à vous en faire.
Bonne année 2023!
Pour une deuxième année de suite, le rendement des pétrolières permet à la bourse canadienne de se classer parmi les meilleures (moins pires) des pays développés, en baisse de 5,8%.
Le secteur de l’énergie a conservé son momentum de 2021, concluant l’année en hausse de 24,4%. Ce fut une année en montagnes russes pour le prix du pétrole. Les tensions géopolitiques causées par l’agression de Vladimir Poutine en Ukraine ont créé un choc sur l’offre mondiale, propulsant le prix du baril à plus de 120 USD pour la première fois depuis 2008. Il est cependant en baisse constante depuis l’été, alors qu’on s’inquiète que la hausse des cas de Covid-19 en Chine ne ralentisse leur économie. Il a clôturé l’année à 75,87 USD.
Comme sur toutes les bourses, le secteur de la technologie a beaucoup souffert en 2022 (-52,2%). En baisse de près de 75%, le titre de Shopify a perdu presque 175 milliards de valeur boursière et explique à lui seul environ 2/3 de la baisse de l’indice boursier canadien en 2022. Comme d’autres avant elle (notamment Nutrien, Barrick Gold, BlackBerry et Nortel), le règne de Shopify comme plus grosse capitalisation boursière canadienne aura donc été de courte durée, ce titre revenant encore une fois à la Banque Royale du Canada.
L’indice S&P 500 est en hausse de 5,4% au cours du dernier trimestre, ramenant la baisse pour l’année à -18,1%. Heureusement pour les investisseurs canadiens, l’appréciation de la devise américaine a en partie compensé cette baisse, résultant en un rendement annuel de -12,6% en CAD.
Les titres de technologie et de croissance – qui avaient tiré la bourse américaine vers le haut depuis 3 ans – ont subi une sévère correction en 2022. L’indice NASDAQ 100 a terminé l’année en baisse de 33,1%, alors que les FANG (Facebook, Amazon, Netflix et Google) ont tous perdu entre 35% et 65% de valeur depuis un an.
L’action de Tesla – qui était la 5e plus grande capitalisation américaine à la fin de 2021 – est en baisse de plus de 70% en 2022. Le marché s’interroge sur sa capacité à atteinte ses ambitieux objectifs de croissance au moment même où son patron Elon Musk en a plein les bras avec sa récente acquisition de Twitter. Résultat : Tesla a été reléguée au 15e rang des plus grandes compagnies américaines.
Le secteur de la consommation discrétionnaire a connu une baisse de 38%. Ce secteur a affronté un vent de face, en raison notamment de la hausse des coûts de main-d’œuvre, les problèmes d’approvisionnement et la diminution des dépenses des ménages.
Le secteur de l’énergie – en hausse de 58,4% pour l’année – a largement surperformé les autres secteurs, mais son poids dans le S&P 500 (5,2%) est insuffisant pour compenser la baisse des autres secteurs.
Les actions internationales ont connu un excellent dernier trimestre, en hausse de 11,2%. Elles ont ainsi battu la bourse américaine en 2022 pour une première fois depuis 5 ans (-16,1% pour l’année vs -18,1% pour les actions américaines).
Non seulement les bourses européennes ont-elles bien performé sur le trimestre (France + 11,2%, Allemagne +14,3% en Euro), mais l’Euro s’est beaucoup apprécié après avoir atteint un creux historique en septembre. L’hiver doux et la baisse des cours du pétrole et du gaz naturel ont permis de déjouer les scénarios pessimistes qui ont fait suite à l’invasion de l’Ukraine par Poutine.
Le Yen japonais s’est lui aussi fortement apprécié après avoir connu un creux en octobre face au USD. L’annonce de la fin de la stratégie de contrôle des taux d’intérêt par la banque centrale du Japon y est pour quelque chose.
L’indice MSCI Emerging Markets a affiché un rendement de -14,0% en CAD pour l’année 2022.
Les actions chinoises ont été les plus performantes du trimestre parmi les bourses émergentes, en hausse de 12,5%. Bien que la fin de la politique zéro-covid a contribué en grande partie à cette hausse, les investisseurs restent prudents alors que le nombre de cas atteint des niveaux records. La Chine conclut son année mouvementée en baisse de 20,7%.
Ce fut également une année difficile pour la Taiwan et la Corée du Sud, deux bourses où le secteur technologique est prépondérant, en baisse de 22% et 24,9% respectivement.
L’Inde sera à surveiller lors des prochaines années alors que de plus en plus de pays développés incluent des entreprises indiennes dans leurs chaines d’approvisionnement. L’indice MSCI India est en hausse de 18,3% au cours des trois dernières années comparativement à une hausse de 4,85% pour l’indice MSCI Emerging Markets.
Le rendement de 0,1% des obligations canadiennes au cours du trimestre ne donne pas la pleine mesure des mouvements qui ont affecté ce marché.
En effet, le rendement à échéance des obligations a d’abord augmenté 3,66% en octobre – alors qu’on craignait que l’inflation persiste – avant de redescendre à 2,75% au début décembre - le marché craignant plutôt une récession – pour finalement terminer l’année à 3,3%.
Cette volatilité dans les obligations risque de durer, au moins jusqu’à ce qu’on sache si les banques centrales réussiront le tour de force qui consiste à juguler l’inflation sans provoquer de récession. On peut toujours entretenir cet espoir, mais l’expérience passée n’est pas très encourageante : depuis la Seconde Guerre mondiale, 4 cycles de hausse de taux sur 5 ont mené à une récession. Si une récession nous frappe, on sera bien heureux d’avoir quelques obligations du gouvernement canadien en portefeuille.